ivresses, désastres

k a s t e l l o r i z o . g r e e c e

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
22 : 38 
Comment vous décrire cette île ?
Vous n'apprendrez rien si je vous parle de l'omniprésence de l'eau. Car de l'eau il y en a partout, je suis dans un cul-de-sac où le dédale de ruelles débouche à la même conclusion, au même point.
Un rivage. Une crique. Un îlot. Un port. La mer. Point à la ligne.
Non, Kastellorizo est plus qu'une île entourée d'eau, aussi cristalline soit-elle.

Toutes les deux sommes prises en étau entre la mer - où les vagues galopent sauvagement - et le ciel - où les nuages chevauchent à leurs trousses. J'ai connu ses chevaux impétueux lors de ces tempêtes de novembre. Où les vagues triomphent, l'eau bouillonne et les vents tourbillonnent. C'est l'île du vent Meltem qui souffle à en perdre équilibre. Un vent qui rafraichit mais qui brûle aussi. Une étincelle et tout feu tout flamme. Le village a déjà été réduit en cendre autrefois, mordu par le feu, le vent soufflant sur la braise. Les hommes se sont relevés et ont érigé de nouvelles bâtisses. Puis le sol a tremblé et la terre s'est fendue. Les maisons se sont alors écroulées de nouveau. Du village il ne restait plus rien, ses 15 000 âmes sont parties ne laissant aujourd'hui que quelques 300 orphelins, héritiers vulnérables de cette terre malmenée. À quelques endroits, l'île est un champ de ruines où ses fantômes sont emprisonnés. J'ai envie de les délivrer. Alors, je dessine ses maisons en ouvrant leurs fenêtres. Je révèle les vestiges, leur offrant une seconde vie. Je trace des passerelles à franchir.

10 : 24 Je comprends tout d'un coup ce qu'est Kastellorizo; elle est eau, elle est vent, elle est feu, elle est terre. Elle est tous les éléments réunis, nous autres n'avons plus qu'à y souscrire, pour le meilleur et pour le pire.